Guerre imminente en Asie du Nord-Est ? Non. Simple manipulation politique. Depuis quelques mois, la Corée du Nord n'est plus sur le devant de la scène (et ce malgré son dernier tir d'essai de missiles longues portées le 5 avril dernier). Crise internationale depuis mi-2008, élection américaine le 4 novembre, grippe porcine depuis deux mois...les évènements internationaux s'enchaînent et le gouvernement d'Obama ne donne pas assez de considération à la République Populaire Démocratique de Corée.

Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple ? La Corée du Nord met en place une nouvelle stratégie de "communication" basée sur la peur et les menaces, les deux seuls "outils" qu'elle maîtrise vraiment. Deux objectifs à cela :
- Préparer la succession du "Cher Leader" (loin d'être en pleine forme depuis son accident cérébrale fin août 2008) en poussant son troisième fils Kim Jong-Un (26 ans, à droite de Kim Jong-Il sur la photo) à prendre les reines d'un pays "seul contre tous"
- Obliger la communauté internationale à faire attention et presser l'administration d'Obama à rentrer dans des pourparlers bilatéraux avec Pyongyang (fonctionner de manière bilatérale est le seul moyen selon le Nord de normaliser les relations et éviter des sanctions).

Pour ce faire, les moyens sont divers et variés : essai nucléaire (24 mai), test de missiles (4 avril, 25 et 26 mai), propagande par des célébrations en masse dans la capitale (25 mai), menaces directes de guerre (27 mai), annulation des anciens traités (annulation des contrats liés au complexe de Kaesong le 14 mai et annulation de l'accord d'armistice signé à la fin de la guerre en 1953 le 27 mai), détention de Sud-Coréens (depuis le 30 mars dernier sur le complexe de Kaesong),...La stratégie est parfaitement ficelée. Et il faut dire que la Corée du Sud n'y est pas pour rien, surtout depuis son ralliement depuis ce mardi 26 mai (en réponse à l'essai nucléaire nord-coréen du 24 mai) en tant que Membre Permanent (précédemment observateur) au Programme de Non-Prolifération d'armes de destruction massives mené par les Etats-Unis (voir image ci-contre).

Techniquement, le gouvernement sud-coréen serait en mesure d'intercepter tout bâteau transportant du matériel de prolifération d'armes de destruction massive. Réellement, on imagine mal la Corée du Sud osée bloquer un bateau nord-coréen. Kim Jong-Il a prévenu. Tout acte de ce genre entraînera une réaction sans précédent de son armée. Les tirs de missiles sur les côtes Est et Ouest n'y sont pas pour rien. Éloigner le plus loin possible tout bateau étranger.

Au jour d'aujourd'hui, des discussions ont lieu entre les membres des Nations-Unies (voir image ci-contre) qui ont un droit de veto (la France, les USA, la Russie, la Chine et l'Angleterre), la Corée du Sud et le Japon pour conclure au plus tôt à une résolution qui visera à restreindre les actions du Nord de la péninsule. Obama de son côté est loin de l'idée de vouloir chercher un compromis entre Washington et Pyongyang de manière directe et recommande plutôt une condamnation forte du Conseil de Sécurité de l'ONU. Face à une stratégie digne une partie d'échec, les Nations-Unies vont devoir agir rapidement et concrètement. La Chine et la Russie sont attendues au tournant.

La seule crainte actuelle est de voir le "Cher Leader" perdre ses moyens et appuyer sur le "bouton rouge", mais ce risque reste minime selon de nombreux experts. Les prochains jours seront décisifs et permettront d'en savoir plus sur la position de la Corée du Nord et des Nations-Unies...

(Les 16 ans de crise du nucléaire nord-coréen : cliquez ici)