Relations intercoréennes : même pas peur !
25 maiCorée du Nord – La tension monte entre les deux Corée et peu sont capables de dire aujourd’hui jusqu’à quel point cela va aller. La guerre ? Sûrement pas. Un « lâché atomique » ? Il faudrait que la Corée du Nord sache viser (nombreux tests de missiles ratés au cours des dernières années) et surtout que leur bombe soit fin prête. Des frictions en Mer Jaune ? Nul ne saurait le dire. Des menaces inutiles ? Sans l’ombre d’un doute. Comme d’habitude, dans l’hexagone comme dans les autres pays occidentaux, l’image qui est renvoyée de la situation entre les deux Corée est bien différente de la réalité. Demandez à un Coréen ce qu’il pense de l’actualité intercoréenne et s’il a peur. Réponse : non, pourquoi ? Si sur le début de la deuxième moitié du 20e siècle (1953-1985) les Coréens vivaient toujours avec une certaine crainte de la Corée du Nord, aujourd’hui, ce n’est plus vraiment le cas. Depuis le début de la crise intercoréenne qui est née avec le « torpillage » d’un navire sud-coréen par le Nord (conclusion de l’enquête sud-coréenne), vous n’avez pas vu de Séouliens aller acheter des sachets de pâtes instantanées et prendre la route pour le Sud, histoire de fuir le 38e parallèle. Certes, certains Coréens (pour la plupart des hommes qui ont terminé l’armée et qui n’ont pas l’âge de reprendre le service en cas de guerre) vous diront qu’il « faut déclarer la guerre car il n’y a aucun doute concernant le pays qui en sortira victorieux ». Il faut les comprendre. Ils n’ont jamais connu une telle assurance depuis la fin de la guerre. Mais d’une manière générale, les Coréens vivent tout à fait normalement, sans crainte particulière. Depuis ce weekend, c’est un échange d’annonces qui se joue entre le Sud et le Nord. Entre Hillary Clinton qui vient mettre son grain de sel avec un passage à Pékin, le président Lee Myung-Bak qui se dit se trouver dans une position de self-défense, Barack Obama qui supporte les décisions qui seront prises par l’administration sud-coréenne et la Corée du Nord qui menace de tirer sur les bateaux qui se rapprocheront trop prêt de la frontière maritime… le concert géopolitique de menaces continues vient juste de commencer. Prenez place ! Dernière menace en date : la Corée du Nord tirera sur les haut-parleurs sud-coréens positionnés à la frontière si ceux-ci sont utilisés à des fins propagandistes. La guerre psychologique de la propagande par haut-parleurs interposés avait pris fin en 2004 d’un commun accord. Le ministre de la défense Kim Tae-Young a déjà annoncé que de nouvelles mesures seraient prises en cas de tirs nord-coréens sur les installations sud-coréennes. Du côté nord-coréen, on se défend toujours concernant le naufrage du navire Cheonan en Mer Jaune. Le gouvernement du « Cher Leader » se dit même prêt à envoyer une commission d’experts pour analyser l’épave du vaisseau. Dans les médias nordistes, comme le Rodong Sinmun, on dénonce la volonté de faire porter le chapeau au Nord pour distraire l’attention du peuple concernant les élections locales qui ont lieu très prochainement. Kim Jong-Il voit rouge. Ne lui parlez pas de « nucléaire ». Pour le ministre des affaires étrangères, le programme nucléaire ne sera jamais abandonné, clamant le droit du pays à détenir autant de moyens de dissuasions nucléaires qu’il le souhaite. La situation est encore bien loin de se débloquer. Reste à savoir si le fait de couper les vivres à la Corée du Nord permettra ou non de se faire entendre. La Chine ne semble pas vouloir choisir officiellement son camp et n’ira certainement pas chercher les problèmes en annonçant un total support à la dictature nord-coréenne. L’Empire du Milieu a un business à faire tourner tout de même ! Tout devrait se jouer discrètement, avec des rencontres bi et multilatérales entre les principales parties concernées. Après la rencontre sino-américaine du weekend, Séoul attend des envoyés spéciaux chinois avant la rencontre entre Lee Myung-Bak et Wen Jia-Bao vendredi.
Arosmik, le 25 mai 2010 en Corée du Sud
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