Délocalisation ministérielle en Corée du Sud
13 juilletPolitique – Imaginez : le gouvernement français décide de délocaliser neuf ministères dans une autre ville ainsi que 31 agences gouvernementales. Que diriez-vous ? Que penseriez-vous de la nécessité de payer les trajets des ministres d’une ville à l’autre à chaque fois que cela est nécessaire (réunion gouvernementale, assemblée nationale, etc.) ? Cela ferait hurler les écologistes pour sûr. Et l’opinion publique se poserait plus d’une question sur la vraie utilité de déplacer tant d’organisations publiques et gouvernementales. En Corée du Sud, il semblerait que le peuple n’ait pas bien cerné cela. Ce qui a d’ailleurs récemment coûté la tête du premier ministre Chung Un-Chan qui souhaitait en aucun cas déplacer les ministères. Cette idée, elle date de 2005 et sort de l’esprit de feu Roh Moo-Hyun, président de 2003 à 2008 (suicidé le 23 mai 2009). Faire de Séoul une capitale d’affaires et de Sejong une capitale administrative. Dans la région de Sejong, tout le peuple sautait de joie. Une telle opportunité leur était offerte de relancer leur économie régionale. Du coup, Lee Myung-Bak, à l’époque maire de Séoul, décida d’utiliser ce projet dans sa campagne électorale aux élections présidentielles en 2007. Élu en décembre 2007 pour une prise de pouvoir en février 2008, Lee Myung-Bak semble au fil des mois plutôt rétissant à faire de Sejong une capitale administrative. Après plusieurs crises au sein de la péninsule et quelques remaniements ministériels, il décide de lancer Chung Un-Chan, professeur d’économie de la Seoul National University, au poste de Premier Ministre avec pour principal mission la redéfinition du projet « Sejong City ». Chung décide donc d’en faire une zone d’attraction d’investissements étrangers spécialisée sur les sciences et l’éducation. Plusieurs universités accrochent, puis des industries, et les premières constructions commencent. Mais les habitants ne veulent pas cela. Et ils sont supportés par une bonne partie de la Corée, dans une mouvance « anti 2MB » (anti Lee Myung-Bak). Largement battu aux élections locales de début juin, c’est le Premier Ministre qui décide de céder et de quitter le gouvernement. Le remaniement ministériel est prévu dans les semaines qui viennent. Alors que deviendra Sejong ? Il semblerait que le premier plan soit de nouveau d’actualité. Et c’est le ministère de l’administration publique qui s’est décidé à parler : 35 agences gouvernementales dont neuf ministères seront déplacées d’ici 2014 dans la ville de Sejong (100km au Sud de Séoul). Le calendrier sera dévoilé le mois prochain. 10 440 employés du gouvernement seront ainsi déplacés dans la foulée. Afin d’activer rapidement le transfert du gouvernement, les autorités ont décidé d’accélérer les constructions. Parmi les principaux organes gouvernementaux qui disparaîtront de Séoul, il y a le Bureau du Premier Ministre, le ministère de la stratégie et des finances, le ministère des affaires maritimes, des transports et du territoire, le ministère de l’économie et du savoir, le ministère de l’environnement, le ministère de l’éducation, de la science et de la technologie, le ministère de la santé et du bien-être, le ministère de l’emploi et du travail, le ministère de la culture, des sports et du tourisme, et le ministère de l’agriculture, de l’alimentaire, de la pêche et de la forêt. D’autres grandes institutions comme la poste coréenne, le bureau des impôts ou la commission du commerce équitable font partie du « Package ». La délocalisation de la capitale administrative sud-coréenne fera date, à n’en pas douter. Reste à savoir si ce choix est véritablement le bon et si certains ne regretteront pas Chung Un-Chan, un jour ou l’autre.
Arosmik, le 13 juillet 2010 en Corée du Sud
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