La Corée du Sud, droguée au G20
11 novembreG20 – Depuis le mercredi 10 novembre, tout est G20. Les pubs, les policiers, les poteaux électriques, les voitures, les arguments, les médias, les entreprises, les toilettes… tout change à cause du G20. Les publicités sont toutes celles des sponsors du G20 et créées spécialement pour l’occasion, les policiers sont répartis dans toute la ville pour la sécurité du G20, les poteaux longeant les rues de la capitale Séoul sont ornés de fleurs ou de lampions bleu-rouge, logo du G20, les voitures deviennent électriques dans certains quartiers pour les transports de personnalités du G20, lorsque vous posez une question concernant un changement ou des constructions, les Coréens vous donneront l’argument du G20, les médias publient des dossiers spéciaux G20 en plus de leur première page de couverture (et deuxième et troisième et quatrième, voire plus) consacrée à l’événement, les entreprises sont en retard et prennent l’excuse du G20, les toilettes sont propres avec des poissons rouges dans les réserves d’eau des toilettes de la ville, spécialement pour le G20… ça en fait du G20. Et les Coréens dans tout cela, comment vivent-ils un changement complet de leur quotidien ? Il existe dans la quatrième économie asiatique un certain sens du patriotisme, presque de nationalisme (n’y voyez pas là une connotation péjorative). La Corée a forgé son succès sur des valeurs qui lui sont propres et ne s’est finalement ouverte aux étrangers il n’y a que 12 ans, suite aux conseils du Fonds monétaire international pour faire face à la crise financière asiatique. Si les étrangers auront le sentiment d’être très bien accueillis à Séoul, il n’en reste pas moins vrai que pour une partie de la population, voir un tel événement changer leur quotidien, est particulier. Parmi les habitudes, les poubelles… Un léger incident a eu lieu en début de semaine avec la mairie du quartier de Seodaemun, après que celle-ci ait diffusé des annonces sur des murs indiquant qu’aucune collecte des déchets n’aurait lieu entre le 10 et le 12 novembre, conseillant aux habitants de conserver leur déchet à domicile pendant trois jours afin de laisser les rues de la ville propre et limiter toute attaque terroriste. Les critiques n’ont pas traîné concernant cette annonce et la mairie, face à la pression, a dû accepter de faire passer les camions-poubelles. Il faut noter que les boîtes aux lettres sont également bloquées pendant la durée du sommet du G20. La police a également été sur le pied de guerre ces derniers jours afin d’arrêter les gangs de motards qui circulent la nuit à Séoul (110 personnes arrêtées) et de récupérer les armes détenus de manière privée par certaines personnes. Les services de police ont également renforcé les contrôles envers les étrangers et les sans-domiciles fixes. Les critiques ont également fusé lorsqu’un mandat d’arrêt a été décrété par la police contre un professeur de 41 ans qui faisait des graffiti de style Banksy sur certaines affiches du G20 (ci-dessous). Si le sommet pourrait rapporter gros à la Corée du Sud, ce sera plutôt l’effet inverse pour les entreprises environnant le COEX, centre de convention où se tiendront les conférences aujourd’hui et demain. La plupart d’entre elles ont fermé leur porte et pour les résistantes, il sera difficile de compter sur tous ses employés tant l’accès est compliqué. Le portail Incruit, spécialiste de l’emploi en ligne, révèle aujourd’hui dans une enquête que 57.3% des travailleurs de Séoul estime que le G20 est plutôt un inconvénient pour leur travail, 23% estimant que les préparations n’étaient pas adéquates. Les internautes n’ont pas tardé à reprendre ce côté ridicule du G20 en parodiant les actions du gouvernement. L’annonce faite de ne pas porter de vestes de sports aux abords du COEX en fait partie. Tout le monde est tombé dans le piège suite à cette annonce sur Twitter de @G20SeoulSummit, le compte officiel du comité présidentiel du G20. Mais il s’est avéré que cela était faux, un utilisateur ayant créé un compte en remplaçant le « l » minuscule de « Seoul » par un « i » majuscule (@G20SeouISummit).
0 avis