Pororo, le petit pingouin nord-coréen
11 novembreCorée du Nord – Lorsque l’on parle de la Corée en France (et souvent en Occident généralement), la première idée qui vient à l’esprit est la Corée du Nord (et non la Corée du Sud). Le régime du « Cher Leader » fait en effet la Une des journaux internationaux principalement pour les frasques de son dictateur : essais nucléaire, tirs de missiles, succession, maladie, visites, etc. La Corée du Nord est un puits d’information, le fonds de commerce de nombreux journalistes. Mais vous entendrez rarement parler du régime communiste lorsque l’on évoquera les nouvelles technologies ou les réseaux de télécommunications, son voisin au Sud du 38e parallèle prenant le pas dans ces domaines. Et pourtant. Le niveau d’innovations technologiques en Corée du Nord pourrait bien en surprendre plus d’un. En particulier dans la production d’animations sur ordinateur. Les Français et les Italiens ne vous diront pas le contraire. Ils seraient, à en croire Paul Tjia (ci-contre), auteur du récent « Europe-Corée du Nord, entre l’humanitaire et le business », de grands utilisateurs des créateurs nord-coréens. Les versions européennes en dessins animés des grands classiques de la littérature comme « les mille et une nuits » ou « les misérables », diffusées sur les postes des habitants du vieux continent, étaient bien « made in North Korea ». Pororo, le petit pingouin qui s’est retrouvé entre les mains de tous les chers enfants occidentaux et asiatiques au fil des dernières années, est sorti d’une coopération inter-coréenne en 2002. Tout comme « l’Impératrice Chung » en 2005, sous-traité au Nord par le Sud. Le spécialiste danois de l’outsourcing Paul Tjia a même récemment déclaré qu’une production américaine tout droit sortie des studios Walt Disney aurait en fait été produite, par accident, en Corée du Nord. La société de production ayant sous-traité certaines animations avec des pays comme les Philippines ou le Vietnam, qui sous-traitaient eux-mêmes avec la Corée du Nord. A ce propos, le fait que « les USA sous-traitent en Asie n’est pas nouveau, car c’est de cette manière que l’animation sud-coréenne a pu réellement décoller… » assure un délégué du Centre d’Animation de Séoul. Si le nom de M. Tjia ne parle pas à grand monde, celui-ci semble cependant connaître un grand nombre de chose sur l’IT en Corée du Nord. Il précise par exemple que « dans le monde des nouvelles technologies, les nord-coréens ont beaucoup plus de liberté et de chances de voyager que dans les autres industries. Ils voyagent pour découvrir de nouvelles techniques de production ». Le développement de la dictature communiste dans le domaine de l’IT est un des grands risques dans le monde de la cybernétique aujourd’hui. De nombreuses attaques ont été enregistrées en Corée du Sud ces derniers mois sur des sites gouvernementaux en provenance du voisin nordiste. Selon les services secrets sud-coréens, la Corée du Nord disposerait de plus de 1 000 pirates informatiques capables de déclencher une guerre cybernétique. Et de Pororo et Aladin à une guerre mondiale (cyber-guerre cette fois), il n’y a qu’un pas…
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