Corée du Sud : les services secrets en ligne de mire
21 décembreLa Corée du Nord est surveillée de près. L'annonce du gouvernement sud-coréen que les Etats-Unis viendraient épauler la surveillance satellitaire de la péninsule pour les prochaines semaines est venue rassurer la population en cas d'un éventuel coup de folie du tout nouveau dirigeant Kim Jong-Un. Aujourd'hui, si la Une des médias porte avant tout sur l'avenir de la Corée du Nord avec des reportages qui se suivent sur la capacité du fils Kim à prendre la succession, l'organigramme du nouveau pouvoir nord-coréen, les possibles restructurations et conflits internes avec la liste des militaires les plus dangereux qui pourraient bien profiter de la disparition de Kim Jong-Il pour prendre le pouvoir, les comparaisons entre le deuil de Kim Jong-Un devant la dépouille de son père et le deuil de Kim Jong-Il devant la dépouille de Kim Il-Sung en 1994 (jusqu'à analyser la couleur des fleurs entourant le cercueil et enquêter sur les livreurs chinois de chrysanthèmes jaunes), une vraie question est soulevée par la population : Pourquoi la Corée du Sud n'a appris la mort de Kim Jong-Il que ce lundi, suite à l'annonce officielle sur la télévision nord-coréenne ?
En effet, comment se fait-il que, après des années d'espionnage, de rapports sur les mouvements armés à la frontière, sur la construction de centrale souterraine au Nord de la péninsule pour l'enrichissement d'uranium, sur l'analyse des mouvements en train de Kim Jong-Il, personne n'ait su dès samedi que Kim Jong-Il venait de décéder. Le service national d'intelligence, autrement dit les services secrets coréens, sont dans le viseur du gouvernement et de l'opinion public qui voient dans ce fait majeur une source d'inquiétude élevée, prouvant à quel point la Corée du Sud ne sait finalement pas grand chose de ce que cache la Corée du Nord. Alors que les services d'espionnage sud-coréen assuraient il y a encore peu suivre les moindres mouvements du "Cher Leader", comment se fait-il que sa disparition n'ait pas été remarquée pendant deux jours complets, 58 heures plus tard (Kim Jong-Il est décédé à 8h30 du matin samedi 17 décembre et les médias nord-coréens ont fait une annonce officielle le lundi 19 décembre à 12h00).
Won Sei-Hoon (ci-dessous), responsable des services d'espionnage sud-coréen, a admis devant les parlementaires que son agence était complètement passée à côté. Lorsqu'un député lui demanda en session à huit-clos le moment où il avait appris le décès de Kim Jong-Il, Won Sei-Hoon a répondu : "Après que la Corée du Nord l'ait annoncé. La Chine et d'autres pays étaient dans la même situation que nous." Du côté du ministère de la défense, même constat. Personne n'était au courant. "Nous devons renforcer nos équipes au sein des services secrets et du département de défense" a analysé sur le coup Kim Kwang-Jin, ministre de la défense.
Mais le plus étonnant dans tout ça, c'est que des personnes étrangères aux services secrets semblaient au courant avant l'annonce officielle. Par exemple, un groupe de transfuges nord-coréens a publié sur Internet une vingtaine de minutes avant l'annonce officielle la possibilité que Kim Jong-Il soit mort. De quoi semer le doute dans la capacité de la Corée du Sud de vraiment savoir ce qu'il se passe de l'autre côté de la frontière. Assez en tout cas pour inquiéter la population qui, malgré une vie qui a rapidement repris son cours, une certaine inquiétude montante pour l'avenir des relations intercoréennes (voir Corée du Sud : comme d'habitude).
Lee Myung-Bak, qui a dû apprécié son cadeau d'anniversaire (le président sud-coréen a fêté son 70e anniversaire le 19 décembre, jour de l'annonce de la mort de Kim Jong-Il), doit comprendre maintenant que le cadeau était bel et bien empoissonné...
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