Corée du Sud : le mariage, de moins en moins une priorité

21 décembre


La société sud-coréenne s'est toujours basée sur l'idée que le mariage permettait à un moment donné de véritablement commencer sa vie d'adulte. Parmi les grands principes imposés par la majeure partie des familles coréennes, il est par exemple inacceptable de vivre avec un conjoint avant le mariage (chacun vit chez ses parents et les premiers ébats se font discrètement dans les motels de la ville), il n'est également pas pensable de tomber enceinte avant le mariage pour une femme, et les parents accepte mal de voir leur fille (ou leur fils) se marier une fois trentenaire. Dans l'autre sens, tout divorce pousse souvent les familles à rejeter leur enfant à jamais, divorcer signifiant d'une certaine manière que l'époux ou l'épouse séparée a échoué.
Du coup, le mariage a toujours été considéré comme un point crucial dans l'avenir des jeunes générations. S'ils veulent réussi, il faut faire de bonnes études, trouver le meilleur conjoint et se marier au plus vite. Il n'est pas rare de voir des jeunes se rapprocher de la trentaine sans petit(e) ami(e), se faire présenter une personne par des proches, les parents ou de la famille, et organiser le mariage trois à six mois plus tard (alors qu'ils n'auront jamais vécu ensemble réellement) soit parce que le temps presse, soit pour avoir au plus vite un premier enfant (souvent conceptualisé lors de la lune de miel qui représente d'une certaine manière le premier moment de vie à deux pour le couple).

Mais la tendance semble changer avec les nouvelles générations. Si le premier tiers des enfants de la Génération Y (1980-1995) est encore souvent concerné par ces grands principes et l'image qui est faite du mariage dans la société coréenne, les générations suivantes changent. Le bureau des statistiques a rendu public une enquête hier réalisée auprès de 37 000 personnes âgées de plus de 13 ans entre mi-mai et début juin 2012, qui montre que les jeunes préfèrent désormais soit repousser le mariage, soit ne pas se marier du tout. Si le mariage reste un évènement essentiel pour 62.7% des interrogés, ce taux est le plus bas enregistré par le bureau d'enquête national depuis 1998 et un taux de 73.5% (69.1% en 2002, 67.1% en 2006, 68% en 2008 et 64.7% en 2010). Un phénomène qui est inquiétant pour grand nombre de sociologues, la baisse des mariages impliquant sur un territoire comme la Corée du Sud une chute des naissances, un problème sociétal déjà important avec l'un des taux de natalité les plus bas du monde. Et qui dit moins de bébés, dit vieillesse de la population et problèmes économiques dans les prochaines décennies.

Parmi les hommes non-mariés, 60.4% indiquent qu'ils veulent à terme trouver l'âme soeur et l'épouser (69% de tous les hommes interrogés vont dans ce sens), alors que seulement 43.4% des femmes célibataires vont dans ce sens (56.6% de toutes les femmes interrogées), un écart très important. Les femmes ont une vision qui a largement évolué quant à la question du mariage : plus de la moitié des interrogées se moquent complètement de se marier ou de divorcer un jour et pour 60% d'entre elles vivre en couple avant le mariage est envisageable. Quelques 65% des femmes coréennes ne s'opposent en aucun cas à un mariage avec un étranger. Au niveau des âges, les trentenaires sont 52.5% à vouloir se marier et 43.5% à ne pas avoir d'idée claire sur ce sujet. Le taux de personnes s'opposant complètement à l'idée du divorce stage à 48.7% comme en 2010.


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