Samsung 3.0 : Lee Jay-Yong et l'avenir du groupe

13 décembre


Le premier conglomérat de Corée du Sud, Samsung, serait-il en train de confier les dernières clés de la maison à la troisième génération ? Il n'est pas le seul car les grands groupes coréens ont été bâtis pour la plupart au sortir de la guerre (1953) par des hommes d'affaires déjà âgés. Du coup, Lee Kun-Hee, chairman de Samsung, a fêté cette année ces 70 ans et confie au fil des années un peu plus de responsabilité à son fils Lee Jay-Yong. Mais depuis mercredi dernier, les experts de l'industrie estiment que la succession est passée dans une phase plus dynamique, son seul fils ayant été nommé vice-président de Samsung Electronics, branche la plus profitable du groupe. 


Samsung, c'est un peu comme une grande mafia. La famille contrôle d'une manière ou d'une autre une grande partie de l'économie du pays. L'épouse de Lee Kun-Hee est l'une des femmes les plus riches de Corée (directeur exécutif de la fondation Hoam), sa fille aînée est vice-présidente du groupe Shilla, son autre fille est vice-présidente de Cheil Industries, et la plus petite s'est suicidée en 2005 dans son appartement de Manhattan. Ses neveux (fils de son frère aîné) ont également de bonnes places : l'un est président du groupe CJ, l'autre dirige Saehan Media. La grande soeur de Lee Kun-Hee détient le groupe Hansol, plus grand fabricant de papier et fabricant de pièces électroniques et de télécommunication en Corée, son autre soeur est marié à l'ancien président de LG Semiconducteur, lui-même frère de l'ancien président du groupe LG, et sa plus jeune soeur est présidente du groupe Shinsegae. Et nous pouvons continuer ainsi et remonter un peu dans toutes les branches des grands conglomérats sud-coréens... 

Revenons-en à nos moutons. Lee Jay-Yong (ci-contre), 44 ans, fils de Lee Kun-Hee, a donc profité du remaniement managérial de la semaine prochaine pour se retrouver à un pas de la direction de l'empire Samsung. Un mouvement inattendu (tout du moins si tôt), surtout lorsque l'on sait que se profile le 19 décembre les élections présidentielles, évènement qui pousse la majeure partie des grands groupes à ne pas faire trop de bruit. Cela fait 21 ans que Lee Jay-Yong fait son apprentissage au sein du groupe familial. Arrivé au poste de Senior Manager de Samsung Electronics en 1991, il prend du galon en 2001 en intégrant le département de business planning avant de devenir en 2010 vice-président exécutif. Devenu plus récemment COO (Chief Operating Officer), il élargit son champs d'action et ses relations en rencontrant les grands décisionnaires de la planète. L'un de ses plus importants contrats se signent en septembre dernier avec Cheung Kong Holdings à Hong Kong. 

Pour rappel, Lee Jay-Yong n'est pas que le simple fils de Lee Kun-Hee. Il est la quatrième fortune de Corée du Sud à en croire le magazine Forbes qui estime son capital à 1,7 milliard de dollars, derrière Lee Myung-Hee (la soeur de Lee Kun-Hee avec 1,8 milliard), Chung Mong-Koo (président de Hyundai avec 2.2 milliards) et son papa Lee Kun-Hee (2,9 milliards). Il est donc un homme respecté et écouté, avant même de diriger un chaebol. Samsung Electronics poursuit de son côté son ascension : au troisième trimestre, le groupe a enregistré des profits à hauteur de 7,55 milliards de dollars (un record) et pour 48,5 milliards de dollars de vente. 

Cependant, quelques dossiers brûlants risquent de bousculer le jeune quadragénaire, à commencer par le groupe CJ dirigé par Lee Jay-Hyun (neveu de Lee Kun-Hee). Depuis plus d'un an, les deux familles se confrontent devant la justice sur un problème d'héritage. Un autre point important de l'avenir de Lee Jay-Yong sera la stratégie de l'empire Samsung pour les années à venir et la manière avec laquelle il saura aborder les sujets internationaux, comme la bataille mené de front contre Apple. Les 17 et 18 décembre prochains seront cruciaux pour le groupe, alors que la stratégie des années à venir sera présenté aux 400 cadres locaux et basés à l'étranger du groupe. 

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