Une deuxième jeunesse pour Euljiro
26 juilletComment arrivent-ils à survivre ? Le quartier d'Euljiro, qui relie la mairie de Séoul à Dongdaemun, en plein coeur de la capitale, fut le symbole de l'industrialisation et du boom économique de la Corée. Aujourd'hui, il est vieux, sale et composé de commerces anciens, spécialistes en luminaire, toilettes, impressions, métaux et autres quincailleries. À chaque fois que l'on passe dans ce quartier, on se demande comment ils arrivent encore à tenir leurs commerces. Internet aurait dû les tuer un par un. Il n'y a qu'à tourner sur vous-même pour le constater, lorsque vous sortirez de la station Euljilro 3-ga. L'odeur, le boucan, les livreurs, les chariots élévateurs... tout fait vieux et sans avenir. Mais non, le quartier survit. Et il retrouve même une seconde vie, à la surprise générale.
Certes, ce n'est pas le coeur touristique de la ville. Pas vraiment un coin qui pourrait attirer les trend-setters à première vue non plus. Les bâtisses semblent au bord de l'écroulement. Mais, de manière inattendue, des millénials ont décidé d'y lancer leur petit business : café, restaurant, bar, boutique... ce n'est que le début, mais le style plait. Il arrive de plus en plus fréquemment de voir des jeunes typés hipsters se balader dans les contre-allées d'Euljiro à la recherche d'un lieu à la mode. Il faut dire que les jeunes entrepreneurs ont décidé de jouer avec le style du quartier, les enseignes des bars et autres boutiques étant quasiment introuvables, tout comme les commerces du coin.
Le meilleur exemple est probablement le Bar 302ho. De l'extérieur, impossible de savoir ce qui se trouve derrière ce néon rouge suspendu à une fenêtre d'un vieux building en briques devenues grises de pollution. Et pourtant, derrière la porte en bois blanc avec une petite plaque 302, un tout nouvel espace arrangé en bar aux murs rouges éclairé à la bougie et qui propose de la bonne musique, à manger (assiettes de fromage, ramyeon, du jambon, etc.) et à boire (carte de vins). "Cet espace était à la base une petite maison d'impression" explique le propriétaire qui ne s'attendait pas à un tel succès auprès des jeunes. Le bar doit sa notoriété à Instagram et aux amis d'amis. Pour les jeunes, c'est comme un retour dans les années 80 avec une touche de modernité.
Du coup, c'est le gouvernement métropolitain de Séoul qui a mis son nez dans cette tendance. Afin de faire revivre le quartier, la ville supporte les jeunes à ouvrir des commerces trendy dans ce quartier. C'est ainsi qu'a été re-agencé le Sewoon Plaza avec, certes, au premier étage, les vieils échoppes de luminaire, mais au 3ème étage, des cafés "instagrammables" qui attirent nombre de jeunes hipsters. Et la ville ne s'arrête pas là. Certains espaces devenus "mort" aux alentours de ce building ont été offert aux jeunes dont les projets étaient en concordance avec la tendance actuelle. Les prix des locations étant très chers à Séoul, c'est une véritable aubaine pour les jeunes générations d'entrepreneurs. On trouve ainsi des cafés comme le London Cake, Horangii ou encore Green Dabang.
Cela ne semble pas déplaire aux commerçants du quartier qui deviennent une clientèle régulière de ces cafés. Des discussions sont mêmes organisées entre la nouvelle génération et les anciens pour imaginer des coopérations futures afin de redonner vie à Euljilro. Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. À Séoul, lorsqu'un quartier devient tendance, cela signifie une chose : une augmentation fulgurante des prix des loyers. Si la nouveauté est toujours la bienvenue, il règne une certaine anxiété chez ses petits commerçants qui se battent pour payer leur loyer. Et c'est très difficile aujourd'hui pour des imprimeurs par exemple, de trouver d'autres espaces dans la ville à des prix accessibles.
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