Retrouvailles entre familles séparées depuis 65 ans
20 aoûtKim Choon-Sik (80) est un jeune homme lorsqu'en 1953, sur la fin de la Guerre de Corée, il suit ses parents et son petit-frère de sa campagne de Ongjin (province Sud de Hwanghae, Corée du Nord) vers la partie Sud de la péninsule. Ces deux petites soeurs sont restées chez ses grands-parents, pensant qu'ils retourneraient au Nord un peu plus tard. Aujourd'hui, 20 août 2018, c'est accompagné de son petit frère qu'il s'est rendu au Mont Geumgang, en Corée du Nord, afin de revoir ses deux soeurs, désormais nord-coréennes, pour la première fois depuis 65 ans. "Pendant toute leur vie en Corée du Sud, leurs parents ne leur parleront jamais de leurs sœurs ni de leur village natale. Probablement quelque chose de trop dur pour eux" déclare Kim. Cette histoire n'est pas un cas isolé. Il y en a des centaines, voire des milliers. Mais ils ne sont plus nombreux à pouvoir revoir leurs êtres chers, séparés par une Guerre dont la destruction morale est encore présente.
Baek Seong-Kyu est aujourd'hui âgé de 101 ans. Il sait que c'est la dernière fois qu'il pourra participer à ce type de rencontre. Et quelle rencontre ! Il retrouve sa belle-fille et sa petite-fille à qui il a apporté une trentaine de paires de chaussures et une vingtaine de services de tables (baguette, cuillère). Idem pour Lee Ki-Soon, 91 ans, qui retrouve son fils qui n'avait que deux ans lorsqu'ils ont été séparés, et sa petite-fille. La Croix Rouge Coréenne a pu organiser des rencontres entre 89 familles séparées pendant trois jours, sur fonds de réconciliation entre les deux Corée. Les rencontres se déroulent jusqu'à mercredi et proposent un déjeuner, une nouvelle formule qui permet de passer plus de temps avec les membres de la famille. De vendredi à dimanche, ce sera l'inverse avec 83 familles nord-coréennes qui retrouveront leur famille sud-coréenne.
Cette rencontre a été convenue lors de l'accord entre le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant Nord-coréen Kim Jong-un en avril dernier. La dernière rencontre du genre avait eu lieu en octobre 2015, il y a près de trois ans donc. Aujourd'hui, environ 85% des familles séparées concernent une population âgée de plus de 70 ans. Et si c'est la 21ème rencontre entre familles séparées, le gouvernement sud-coréen ne cesse de pousser le Nord à multiplier ces rencontres avant qu'il ne soit trop tard. 130 000 Sud-coréens sont enregistrés en tant que "famille séparé par la Guerre de Corée" et les 20 dernières réunions ont permis à 20 000 personnes de se réunir, soit seulement 15% des familles séparées.
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