Un Maire pas comme les autres
08 aoûtPark Won-soon. Ce nom ne vous dit probablement rien. Comme Anne Hidalgo à un Coréen. Vous l'aurez donc compris, c'est le maire de Séoul. Pour un troisième mandat consécutif depuis le mois de juin dernier. Ancien avocat des droits de l'homme, professeur, loin de la politique et barbu (!)*, c'est pourtant en 2011 qu'il parvient au plus haut siège de la ville à la grande surprise des Séouliens et surtout de ses concurrents (53.4%). Sa politique écologique et sociale, loin de celles de ses prédécesseurs Oh Se-hoon et Lee Myung-bak plutôt orientées sur des projets designs (Dongdaemun Design Plaza, berges de la rivière Han, Cheonggyecheon, etc.) et d'internationalisation de la capitale (taxi orange, supports aux touristes, etc.), lui vaudra d'être réélu haut la main en 2014 pour un deuxième mandat (56.12%). S'il se fait plus discret sur les quatre dernières années de son deuxième mandat, sa présence sur les réseaux sociaux lui vaut un attachement de ses administrés qui ne doutent pas de ses compétences pour un troisième mandat (52.79%). Sûr de gouverner la capitale sud-coréenne jusqu'en juin 2022, il devient ainsi le maire de Séoul à la plus longue longévité à la tête de la ville.
C'est son côté social et proche des Séouliens qui en font un maire à part entière. Depuis le 22 juillet, il a décidé de vivre pendant un mois dans un logement deux pièces situé sur le toit d'un building dans l'un des quartiers les moins développés de la ville, à Gangbuk Ward, du côté de Samyang-dong pour être plus précis. Un attaché de la mairie ou son assistant personnel reste avec lui et fait le trajet jusqu'à la mairie en bus tous les jours. Son épouse a décidé de prendre un logement temporaire entre leur logement de fonction et ce petit studio. La particularité de ce logement est qu'il ne possède pas d'air conditionnée, se situe au sommet d'une colline escarpée composée de nombreux escaliers, un peu comme l'on retrouve dans beaucoup de quartiers authentiques (Yaksu, Ehwa, Bukchon, etc.) et que l'été 2018 a été un été caniculaire avec des températures jamais vues à Séoul. Les "maisons sur les toits" sont les pires. En été, il y fait extrêmement chaud et en hiver extrêmement froid. Ce type de logement est souvent loué par des personnes âgées pauvres ou des étudiants sans moyens.
Son objectif ? Trouver des solutions pour réduire l'écart économique qui se creuse sans cesse entre le Sud (Gangnam) et le Nord (Gangbok) de la capitale, l'une de ses promesses électorales du mois de juin dernier. La canicule a beaucoup attiré l'attention des citoyens sur comment Park Won-soon arrivait à survivre. Dans un entretien radio menée hier, il a indiqué utilisé plusieurs ventilateurs (dont un lui a été offert par le Président Moon Jae-in, son allié), des bouteilles d'eau congelés et une astuce qu'un citoyen lui a donné : créer du vent froid en plaçant un mini-ventilateur portable devant une boîte en polystyrène remplie de glaçons. "Je vais bien. La température a atteint les 50 degrés sur la surface du sol mais je suis désormais habitué. En fait, beaucoup de citoyens vivent comme moi actuellement" a-t-il déclaré.
Sa vie dans le quartier n'est cependant pas des plus calme. Il part constamment à la rencontre des habitants le long des allées ou bien discuter avec les travailleurs manuels dans leurs vielles échoppes. Le soir, il lui arrive de sortir manger un barbecue avec les gens du coin. Même si cela peut paraître très "marketing", il n'en reste pas moins qu'il s'efforce de passer du temps avec ses administrés, ce qui ne s'était jamais vu jusqu'à présent à Séoul. Pour l'opposition, c'est évidemment une "comédie" dixit le législateur Ha Tae-keung, une attitude inadmissible qui ne lui sert qu'à améliorer son image en vue des prochaines élections présidentielles. Du côté des citoyens, les avis sont également mitigés. Pour certains, un mois seulement ne lui servira à rien et la vie de ses quartiers sous-développés ne changera pas. Pour d'autres, cela lui permet d'apprendre la vie d'une partie des citoyens de Séoul, loin des frasques et de l'argent de certains quartiers comme Yeouido ou Gangnam. Park Won-soon retrouvera son logement le 18 août prochain et les conclusions de cette expérience inattendue sont attendues par tout le monde.
* Être barbu en Corée n'est pas vraiment signe de succès dans les affaires mais plutôt de déroute sociale. Un vieux barbu sera perçu comme excentrique, ermite ou religieux/traditionalistes, quant à un jeune barbu, cela arrive (dans le design, la mode, la télévision), mais c'est loin d'être fréquent surtout dans des quartiers d'affaires comme Gangnam.
1 avis
chez nous les barbus c'est des islamistes cqfd
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