Abus sexuel : l'église protestante dans la tourmente

09 novembre

En Corée, le mouvement #MeToo secoue l'église, l'école, la politique, les médias

L'affaire vient de sortir : un jeune pasteur de 35 ans est accusé d'avoir abusé sexuellement au moins 26 adolescentes et jeunes femmes ces dix dernières années. La police de la ville métropolitaine d'Incheon a décidé de lancer une investigation sur ce pasteur qui profitait de sa proximité avec les jeunes coréennes pour se lier d'amitié et établir des connections émotionnelles avant de passer à l'acte. "À chaque fois que je disais non, il me disait qu'il m'aimait, que c'était la première fois qu'il ressentait cela avec quelqu'un. Je le croyais et ne pouvais penser qu'il me mentait au nom de Dieu". Voici le témoignage d'une des quatre femmes victime du pasteur tenu en conférence de presse à Yeonji-dong, à Séoul. 


Le pasteur savait parler et contrôler psychologiquement ces jeunes filles, créant ainsi des relations profondes et "sincères" pour des ados qui s'isolaient de plus en plus des autres. Le problème est que son comportement a été notifié par la direction de l'église mais qu'aucune sanction  n'a eu lieu pendant dix longues années. Ce n'est pas la première fois. Le mouvement #MeToo qui a connu un fort écho dans la péninsule sud-coréenne cette année, a permis de dévoiler aux yeux de tous le comportement du célèbre pasteur Lee Jae-rock, l'un des principaux pasteurs de l’Église Central Manmin, actuellement en procès pour le viol de sept femmes adeptes de son église. 

Pasteur Lee Jae-Rock, inculpé pour viol sur sept femmes

Le Centre de conseil chrétien pour les violences faites aux femmes a ainsi reçu plus de 400 consultations depuis janvier dernier, le triple de la moyenne annuelle. Chae Su-ji, qui dirige ce centre, explique que les violeurs ont pour stratégie d'approcher les femmes les plus vulnérables, à savoir celles qui vivent seules et qui n'ont pas d'amis ou de parents proches, car "ils peuvent leur parler ouvertement". Idem pour approcher les plus jeunes, surtout "celles avec un père absent ou abusif, car elles voient dans le pasteur comme un second père qu'elles idéalisent et dépendent".

Entre 2010 et 2016, ce sont plus de 680 chefs religieux qui ont été appréhendés pour des abus sexuels en Corée du Sud, beaucoup de crimes sexuels n'étant évidemment pas reportés. Pour rappel, un acte de pédophilie sur un ou une enfant de moins de 12 ans commis en Corée est passible d'emprisonnement à vie et ce même si la relation était convenue de manière mutuelle (en même temps, avant 12 ans, difficile à imaginer !). 

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