Séoul se dépeuple et la Corée perd ses jeunes
14 janvierC'est la première fois en 22 ans que la capitale sud-coréenne a connu une telle décroissance de sa population : -0.9% en décembre 2018 par rapport à décembre 2017. Est-ce un indicateur satisfaisant, prouvant ainsi que la ville est arrivée à mettre en place un service de transport public efficace permettant aux Coréens de vivre hors de la capitale et ainsi de dépeupler une ville saturée ? Ou bien est-ce tout simplement que le coût de la vie et surtout du logement force aujourd'hui les Séouliens à se tourner vers des options moins chers en banlieue de la capitale, sur Gyeonggi et Incheon ?
La ville de Séoul se dépeuple continuellement depuis 2010, mais cette chute de 91 803 séouliens en moins est la plus importante depuis 1996, lorsque la capitale perdait 132 795 de ses citoyens, passant de 10,5 à 10,4 millions d'habitants. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 9 765 623 à vivre dans Séoul intra-muros. Bien évidemment, c'est la province de Gyeonggi, autour de Séoul, qui en fait les frais : +1.6% en décembre 2018 pour atteindre 13 077 153 de citoyens. La plus grande hausse depuis 2010 avec 203 258 nouveaux citoyens en plus. Il y a 8 ans, 320 000 personnes trouvèrent un logement dans la banlieue de la capitale.
Le gouvernement cherche depuis des années à réduire la population de Séoul en décentralisant un certain nombre d'organisations gouvernementales comme vers Seongnam, Dongtan et Wirye (voir aussi Quatre nouvelles villes pour stabiliser le marché de l'immobilier). Des développements dans les transports ont également eu lieu avec le SRT (Super Rapid Train) et le GTX (Great Train Express) pour rejoindre rapidement les zones proches de Séoul.
Une école sur cinq est menacée de fermeture ou de fusion.
Mais si la dépopulation de la capitale est réelle et qu'elle a ses raisons, elle ne cache pas non plus la véritable dépopulation croissante du pays, de manière générale. Une analyse de l'institut de développement éducationnel coréen publiée aujourd'hui et menée auprès de 6 285 écoles élémentaires montre que les écoles manquent de plus en plus d'écoliers.
20% des écoles élémentaires du pays ont ainsi moins de 60 élèves en leur sein. Près de la moitié des écoles de la province de Jeolla du Sud sont concernées (49%), idem pour la province de Gangwon (48%), 44% des écoles de la province du Gyeongsang du Nord et 43% des écoles de la province de Jeolla du Nord. 60, c'est le nombre d'écoliers nécessaires pour qu'une école puisse garder ses portes ouvertes. Avec moins de 60 élèves, le gouvernement conseille aux écoles soit de fermer leurs portes, soit de fusionner avec une autre école sur la même zone, sauf si l'école en question est la dernière de la région. En d'autres termes, une école sur cinq est menacée de fermeture ou de fusion.
Le nombre de jeunes Coréens âgés de 9 à 24 ans a été divisé par deux depuis 1980 ! Le bureau des statistiques montre que si la Corée comptait pas moins de 14,4 millions de jeunes en 1980, elle n'en compte désormais plus que 8,5 millions. Et les perspectives ne sont pas réjouissantes : d'après cet organisme, ils ne seront plus que 6,4 millions d'ici 2040 et 4,8 millions d'ici 2060. Si les jeunes de moins de 24 ans représentaient 39.1% de la population en 1970, ils ne représentent, un demi-siècle plus tard, que 16,4% de la population.
Le nombre de jeunes Coréens âgés de 9 à 24 ans
a été divisé par deux depuis 1980 !
Le ministère de l'éducation souligne par exemple que 113 écoles élémentaires, 10 collèges et 7 lycées de Corée du Sud n'ont recruté aucun nouvel élève cette année. 1% des 2 360 lycées, 11.6% des 3 237 collèges et 13.8% des écoles ont accueilli moins de 10 nouveaux élèves. Si l'on pousse plus loin ses statistiques, en 2020, le nombre de bacheliers va atteindre 520 000 élèves, un nombre équivalent aux jeunes étudiants qui entrent à l'université (510 000). Mais en 2024, le nombre de bacheliers va sévèrement chuter à 420 000. Et dans le cas des hommes, cela s'annonce délicat d'un point de vue de la défense car de 350 000, ils ne seront plus que 250 000 à effecteur leur service militaire.
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