Le géant du net Naver commencerait-il à vaciller ?
13 février
Pour les personnes ne connaissant pas la Corée du Sud, lorsque l'on évoque le nom de Naver, ça ne parle pas beaucoup. Certes ils investissent un peu partout dans le monde, comme à Paris où ils ont installé leur incubateur dans la Station F de Xavier Niel, mais ce n'est pas assez pour développer une image de marque globale. Cependant, pour les Coréens, Naver est bien au-dessus de Google.
Naver, c'est 70 à 80% des recherches sur Internet. Naver, ce sont des blogs, des boîtes mails, du stockage Cloud, de l'information, des "cafés" (forums communautaires), de l'intelligence artificielle, des applications, des médias, de la messagerie avec Line, des laboratoires à startups, des publicités, etc. Si dans le monde, la "Google-dépendance" est forte, en Corée, tout le monde vit par Naver. Alors quand le plus grand portail Internet du pays commence à vaciller, le secteur du digital a intérêt à se cramponner.
Aujourd'hui, tout le monde sait que du point de vue de son activité, Naver commence à faire face à de sérieux enjeux : difficulté à trouver de nouveaux moteurs de croissance ou encore l'exode des principaux développeurs de logiciels, comme Kim Joon-seok qui a dirigé la machine de traduction basée sur l'intelligence artificielle via le service Papago, et est parti au département IA de chez Hyundai Motor, ou encore le départ précipité de Song Chang-hyun, ancien responsable des technologies et directeur de Naver Labs, une filiale du groupe.
Sans oublier le renforcement féroce de la concurrence et la dégradation des résultats du groupe : les profits sur opérations du groupe en 2018 ont atteint 942,5 milliards de wons soit 839 millions de dollars, une baisse de 20.1% par rapport à 2017 et sur le quatrième trimestre, une chute de 26.7% par rapport au dernier trimestre de l'année précédente, avec un petit 213,3 milliards de wons !
Mais un nouveau souci vient chatouiller le groupe : le syndicat a annoncé qu'une action collective de grève serait menée le 20 février prochain dans le cas où l'entreprise Naver Corp. n'engageait pas un dialogue constructif. Une grève qui serait une première pour le géant de l'Internet sud-coréen.
"Si la direction ne montre pas un changement d'attitude, nous n'aurons d'autres choix que d'envisager de mettre en place l'action collective la plus puissante possible" a annoncé Oh Se-yoon, président du syndicat de Naver, à la presse rassemblée pour l'occasion au siège du groupe à Pangyo. Les négociations qui ont eu lieu dans le cadre d'une procédure de médiation menée avec la Commission nationale des relations syndicales les 10 et 16 janvier dernier entre les cadres du groupe et les chefs du syndicat ont totalement échoué.
Si les propositions arbitraires annoncées par la Commission (15 jours de congés sabbatiques et 10 jours de congés paternités) ont été acceptées par le syndicat, le management du groupe ne souhaite pas négocier, dénonçant le fait que la catégorie d'employés autorisée à participer aux actions menées par le syndicat n'était pas spécifiée.
Un porte-parole du groupe a ainsi précisé que "le management suggère de spécifier quels seraient les employés concernés (NDLR par le mouvement syndical) car il est essentiel pour le groupe de conserver un niveau de services pour ses utilisateurs individuels, les clients-entreprises et les publicitaires, et ce malgré un pré-avis de grève. Les employés peuvent être désigné via des négociations entre le management et le syndicat". Une condition renvoyée dans les cordes par le syndicat qui demande une reprise au plus vite des négociations.
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