Inspirant. Voici comment pourrait être qualifié le nouveau projet de loi du gouvernement sud-coréen. S'il est de plus en plus demandé aux citoyens de faire des efforts pour sauvegarder notre planète, alors que le lobbying des grands groupes internationaux et, par conséquent, les décisions politiques des gouvernements ne cessent d'accroître la mort prématurée de la terre, la Corée du Sud souhaite apporter son grain de sel.
Si les initiatives environnementales se multiplient au pays du Matin clair (voitures à hydrogène, limitation des centrales à charbon pour l'hiver, etc.), celles qui touchent directement le quotidien de la population arrivent à grand pas.
Premièrement, le recyclage du plastique. Celui-ci permet aujourd'hui de transformer seulement 10 % des déchets plastiques en produits dits à haute valeur ajoutée (films de masquage utilisés dans le secteur de la peinture, fibres textiles pour les vêtements, etc.), soit 24 000 des quelques 240 000 tonnes collectées. Mais un nouveau dispositif pour améliorer ce recyclage va être testé dès le premier semestre 2020.
Certes, cela demandera un nouvel effort au petit peuple. Mais il semble en valoir la chandelle. Et il concernera aussi les fabricants. Du point de vue du consommateur, le principe est de séparer les bouteilles en plastique transparentes des autres déchets plastiques. Chaque déchet devra donc être jeté en fonction des jours de la semaine.
Du côté des fabricants, il sera désormais interdit de fabriquer des bouteilles transparentes avec des colorations (fini les bouteilles de bières marrons ou les contenants jaunâtres de thé au blé ?) et d'utiliser des colles industrielles pour les étiquettes et autres labels.
Avec ces dispositifs, le recyclage de déchets plastiques transformables devrait être multiplié par plus de quatre, pour atteindre 100 000 tonnes.
Deuxième mesure d'envergure : la réduction de l'utilisation des produits dits jetables. Le gouvernement de Moon Jae-in souhaite en effet faire disparaître les gobelets, pailles et boîtes en carton des cafés et restaurants du pays du Matin clair.
Pour ce faire, un projet de loi a été mis sur pieds afin d'obliger dès 2021 (!) tous les cafés et restaurants à imposer un coût supplémentaire aux utilisateurs de produits jetables. Une sorte de prise de conscience environnementale payante ! Dans le même temps, l'État souhaite inclure un système de "dépôt de garantie", une sorte de consigne qui permettra aux enseignes de rembourser les consommateurs qui ramèneront leurs gobelets, par exemple.
Les sacs en plastique, déjà interdits dans les grandes surfaces sud-coréennes, vont également bientôt disparaître des petits commerces. À partir de 2022, les boulangeries et autres magasins de proximité ouverts 24h/24h n'auront plus le droit d'en mettre à disposition des clients. Un dispositif généralisé à toute la société coréenne à partir de 2030.
Vous aimiez bien les petites cuillères roses de chez Dunkin Donuts ? Et bien profitez-en, car elles disparaîtront bientôt elles-aussi. Les cuillères jetables (souvent livrés avec les plats commandés, les glaces, etc.) ne seront plus distribuées à partir de 2021. Idem pour les pailles en plastique. Pour ce qui est des livraisons à domicile, toutes les boîtes en carton devront également être à usage multiple.
Pour ce qui est des produits d'hygiène, pas d'exception non plus. Les saunas et autres bains publics ne pourront plus mettre ses types de produits à disposition de leur clientèle, tout comme les hôtels avec leurs aminities. Cette restriction concernera en effet tout le secteur de l'hôtellerie à partir de 2024.
Afin d'éviter toute plainte des secteurs concernés, le gouvernement sud-coréen prévoit déjà de mettre en place des enveloppes afin d'apporter un soutien financier ou matériel, surtout aux petites et moyennes entreprises, les plus vulnérables à ce genre de mesure.